L'obscurité prégnante couvre leur tronc majestueux d'une ombre épaisse et inquiétante. Hormis le vent dans les branches, rien ne bouge. Tout semble figé comme pétrifié par la peur. La nature ose à peine respirer de crainte que les feuilles ne frémissent et ne réveillent la bête qui rôde. Je coupe ma respiration et poursuit ma lente traversée afin de pouvoir quitter cette forêt inquiétante. Les branchages craquent sous mes genoux meurtris et effrayent les oiseaux de nuit. Je m'épuise à me contorsionner et finit par atteindre la lisière du bois. Devant moi, une vaste plaine enneigée s'étend à perte de vue. Il y règne la désolation et la menace. Je me recroqueville sur moi même enserrant mes genoux frileux. Il neige. L'attente me paraît interminable. Quelques ombres fugaces passent à côté de moi me frôlant tour à tour comme pour me mettre en garde. Je les entends murmurer des mots inaudibles comme des picotements aigres et sauvages sur la peau. Je les sens en moi,
Encore essoufflé, je sors la main de ma poche pour observer la poupée et tente de défaire ses fils noués un à un en prenant bien soin de ne pas effiler davantage son bras. Elle grimace. Elle pue la mort. Elle a la fièvre de ma mère. Cette odeur putride me fait frisonner d’effrois. Alors, je noue chacun de ses fils méthodiquement comme un chirurgien. J'observe ses yeux en bouton à chacune de mes actions espérant qu'elle ne souffre pas. Je crois que je deviens fou moi aussi. La poupée est souillée de boue et de sang. Mes doigts tremblent de froid et je noue avec peine ses fils. Les engelures me font atrocement souffrir. J'enfonce mes genoux dans la terre et me penche vers elle pour parfaire ma réparation. J'ai l'impression d'entendre son cœur qui bat. Cette constatation me fait monter les larmes aux yeux. Je suis horrifié à l'idée de me rendre à l'évidence que la folie s'est emparée de moi. Elle s'accroche à ma tristesse et me fait perdre