Encore essoufflé, je sors la main de ma poche pour observer la poupée et tente de défaire ses fils noués un à un en prenant bien soin de ne pas effiler davantage son bras.
Elle grimace. Elle pue la mort. Elle a la fièvre de ma mère.
Cette odeur putride me fait frisonner d’effrois. Alors, je noue chacun de ses fils méthodiquement comme un chirurgien. J'observe ses yeux en bouton à chacune de mes actions espérant qu'elle ne souffre pas.
Je
crois que je deviens fou moi aussi.
La poupée est souillée de boue et de sang. Mes doigts tremblent de froid et je noue avec peine ses fils. Les engelures me font atrocement souffrir. J'enfonce mes genoux dans la terre et me penche vers elle pour parfaire ma réparation.
J'ai l'impression d'entendre son cœur qui bat. Cette constatation me fait monter les larmes aux yeux. Je suis horrifié à l'idée de me rendre à l'évidence que la folie s'est emparée de moi. Elle s'accroche à ma tristesse et me fait perdre tout mes moyens : je ne parviens plus à réfléchir et mes émotions me giflent à chaque tentative de lutte.
Je dois me résigner : je suis fou.
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