Les rires et les cris des collégiens me donnent la nausée. Ça hurle dans ma tête. J’ai des nœuds d’estomac qui m’empêchent de me redresser et je marche courbé en bousculant les autres avec mon sac. C’est une nuée de tan contre mon échine. Ça pique de tous côtés. Je grogne. Je me colle au mur. Me noie dans l’odeur putride de la vieille peinture souillée.
Je n’ai pas fait signer mon mot à maman.
Maman
est à l’hôpital.
Le chauffeur de bus m’a regardé courir dans son rétroviseur et il ne s’est pas arrêté.
Un homme barbu s'est collé à la vitre pour me regarder courir. J’ai attendu sous la pluie le prochain.
Une vieille dame voilée me regardait sur le trottoir d'en face derrière ses grosses lunettes noires. Elle tenait la main à une drôle de petite gamine à peine vêtue d'un tee-shirt blanc trop long pour elle. Quand je suis montée dans le bus, j'ai cherché du regard la petite fille, mais elle avait disparu. La vieille femme aussi d'ailleurs. Je me suis retrouvé dans le fond du bus, seul et trempé.
A l’ouverture des grilles du collège, j'ai attendu le sourire de la jolie surveillante avec ses beaux cheveux lisses et l’embrassade de Mathieu. J’ai attendu, attendu que ma colère irrationnelle se calme d’elle-même. Mais, la colère ne se raisonne pas. Elle joue des poings, fait le gros dos dans sa cage. La colère est une vilaine bête têtue. Elle n’a pas de tabou, aucune limite. Les avertissements du proviseur bienveillant et rougeaud, ses putains d’horaires et de règlement, quand on a faim d’amour, sont des papillons fragiles.
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