Son visage est gris et je me perds à la contempler. Elle ne sent plus le miel vanillé.
Maman est enveloppée d’éther et ses mains bleuissent. Paumes vers le ciel. Paupières closes. Maman ne se réveillera pas et les aides-soignantes peuvent me passer une main dans les cheveux, je sais qu’elle s’évapore de jours en jours.
On la maquille comme une morte pour masquer le voile bleuté de ses longues errances chimériques. Maman ressemble à un manga, à une poupée de chiffon fardée, les yeux en étoiles et la bouche en pétale de rose. Cela me peine et me fâche.
Maman me quitte et il faut aussi qu’on me la défigure. Je voudrais hurler, m’indigner et jeter chaises et bols de soupe dégueulasse par les fenêtres, mais j’ai promis à mamie de ne plus recommencer.
Je voudrais avoir trente ans et qu’on m’appelle monsieur. Qu’on cesse enfin de me caresser les cheveux comme un gamin paumé et malheureux !
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