Il
y a des tulipes de toutes les couleurs dans les plate-bandes du
jardin. Elles dansent le printemps.
Bénédicte se gratte le ventre
nerveusement. Elle s’ennuie et l’ennui la fatigue. Il fait trop
beau temps pour s’enfermer dans les travaux de la maison. Elle se roulerait bien parmi les tulipes comme son grand chien roux. La
belle saison l’appelle et courir à perdre haleine ne comblerait
pas suffisamment son appétit de vivre.
Son
chien aboie en direction du bâton posé à ses pieds. Sa longue
langue rose coule sur ses pattes velues. Bénédicte regarde le bout
de bois et finit par l’envier. Elle se demande même
si ce n’est pas son bel animal qu’elle devrait jalouser :
son cœur est si lisse. Il n’aspire qu’à jouer et certaines
questions déroutantes, il ne se les pose pas. Il tourne sur
lui-même, fait mine de mordiller ses chevilles et
finit par se rouler dans l’herbe fraîche. Bénédicte s’empare de son bâton et lance son trophée le plus loin possible
dans les airs.
« Vole,
Ulysse ! Allez, vole ! »
Il se redresse et secoue ses babines baveuses dans toutes les directions
à la recherche de son bâton. Il interroge Bénédicte de ses petits
yeux ronds et larmoyants. Elle se tait et rit aux éclats en se
tapant les cuisses.
« Ulysse,
voyons… Tu es un chien ! Tu dois savoir… Ulysse, il est ici,
ton bâton. Regarde ! »
Bénédicte
s’agenouille dans l’herbe et pousse de la main quelques tulipes.
Elle brandit le bâton sous le nez d’Ulysse qui aboie d’excitation. Des pétales multicolores dansent entre ses pattes velues. Des sucreries. Des tendresses du printemps.
« Maintenant,
suis- moi ! »
L’animal
court derrière elle en slalomant entre les pommiers du jardin. Il
éternue et frotte sa truffe avec ses pattes avant lorsqu’il
traverse les buissons de lavande. Alors Bénédicte s’approche de
lui et lui caresse l’échine énergiquement. C’est à ce moment
qu’Ulysse en profite pour saisir l’objet de sa convoitise et se redresse sur ses pattes arrière. Il pleure comme un petit enfant.
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